28 novembre 2014

Monétisation des médias numériques : Tendances, observations clés et stratégies efficaces

Cette étude porte sur l’évolution des modèles de monétisation des médias numériques interactifs et fait état de stratégies et d’histoires à succès à la fois au Canada et sur la scène internationale. 
Le terme monétisation renvoie généralement aux méthodes que les entreprises utilisent pour extraire de la valeur de leur propriété intellectuelle afin d’en générer des recettes. L’étude fournit aussi des renseignements sur le marché qui intéresseront les bailleurs de fonds de médias numériques interactifs qui pourraient également servir à soutenir des modèles de monétisation plus robustes.
Les auteurs se sont concentrés principalement sur des jeux et des applications, mais le rapport présente aussi un survol de possibilités en matière de monétisation pour le contenu « convergent » produit en prolongement d’émissions de télévision ou relativement à celles-ci. 
Selon l’étude, les entreprises qui cherchent à monétiser leur contenu numérique doivent de plus en plus trouver des moyens d’entrer en communication avec les consommateurs sur un nombre croissant de plateformes de diffusion et avoir recours à un éventail de modèles de monétisation, de stratégies de prix et de tactiques. 
Les consultants ont procédé à une revue de littérature internationale et nationale, interviewé dix-neuf dirigeants de l’industrie et dressé le profil de stratégies de monétisation sélectionnées qu’utilisent huit entreprises canadiennes afin d’en tirer des leçons et de présenter des modèles de revenu novateurs.
Étude disponible en anglais seulement (cliquez ICI).
Source : FMC Veille

4 novembre 2014

La SVOD, la nouvelle manne des studios hollywoodiens

RBC Capital Markets vient de publier une étude qui révèle que la SVOD est en passe de devenir une source de revenus essentielle pour les studios américains. Un phénomène qui ne devrait pas tarder à se propager à l’Europe.
BlackList, une des séries achetées par Netflix aux Etats-Unis
A eux trois, Netflix, Amazon et Hulu ont acheté pour 5,2 milliards de dollars de droits en 2014. Ils en dépenseront 6,8 en 2015 et ce chiffre doublera dans les prochaines années.Les revenus « digitaux » qui ne rapportaient quasiment rien en 2009, ont rattrapé et dépassé ce que les grands networks TV rapportent chaque année aux studios. La SVOD est désormais à la poursuite du câble qui investira 18,4 milliards de dollars en droits en 2015. Au total, la TV, le câble et la SVOD rapporteront 29,5 milliards de dollars aux studios.
Netflix, plus qu’une ambition
L’exemple le plus frappant est évidemment celui de Netflix qui, selon les propos de David Bank, l’auteur du rapport de RBC, dépensera 3 milliards de dollars en 2015, puis entre 3 et 4 en 2016 et enfin entre 3 et 9 milliards de dollars en 2017. Pour mémoire, Reed Hastings, le CEO de Netflix avait indiqué que 10% des achats de droits seraient consacrés à des productions originales, soit entre 300 et 900 millions de dollars sur les 3 prochaines années. A ce niveau d’engagement, il semble difficile de pouvoir rivaliser avec le champion de la SVOD.
En effet, les prévisions d’investissement dans les droits pour 2015 montrent l’écart entre Netflix et ses principaux rivaux américains : là où Netflix investira 3,3 milliards de dollars, Amazon y consacrera 1,7 milliards et Hulu 1,5 milliard. Le fossé est déjà en train de se creuser, surtout que Netflix a pris une longueur d’avance à l’international, ce qui lui permet de fait de mieux amortir ses investissements.


CBS, grand vainqueur de la vente de  droits numériques
Côté studios, l’étude indique que les 4 grands bénéficiaires seront CBS, 21st Century Fox, Time Warner et Lionsgate, avec un impact très important en termes de revenus pour CBS et Lionsgate, alors que pour les 2 grandes majors l’impact de la SVOD sera forcément dilué compte tenu de leur volume de chiffre d’affaires sur leurs autres activités. Selon l’étude de RBC Capital Markets, les recettes SVOD des studios en 2015 seront les suivantes, avec un très net avantage à CBS qui a négocié pas moins de 6 accords de distribution : 


Ce classement ne prend pas en compte Gaumont International Television qui est sans doute le studio d’origine européenne à réaliser le volume d’affaires le plus important en matière de droits SVOD. En effet, grâce à Hemlock Grove (3 saisons), Narcos et maintenant F is for Family, Gaumont se positionne comme l’un des partenaires récurrent et stratégique de Netflix. D’autant que Gaumont a su se diversifier en signant des deals TV classiques avec NBC (Hannibal) et 21st Century Fox (2 projets  de séries).

Narcos, la prochaine série produite par Gaumont - D.R.

Les prix à l’épisode s’envolent
Généralement les studios ont pour habitude de vendre les droits de leurs séries en syndication, c’est-à-dire à plusieurs diffuseurs, aux opérateurs du câble et aux chaînes de télévision, sur le territoire a américain et à l’international. Mais l’arrivée de Netflix et d’Amazon sur le marché des droits est en train de faire évoluer le modèle : d’une part parce que ces plateformes de SVOD prennent des engagements sur des productions originales dont ils ont l’exclusivité, ensuite parce qu’elles se positionnent sur des fenêtres de première exclusivité, comme le font habituellement les chaînes payantes. Cette nouvelle demande de séries provoque inévitablement une forte pression sur les prix si bien qu’on assiste à une augmentation des prix d’achat à l’épisode. L’étude de RBC apporte un éclairage très intéressant à ce sujet :


Cette envolée des prix de vente n’est pas liée qu’à la compétition entre les acheteurs. Les coûts de production ont eux-mêmes explosé : un épisode de Mad Men coûte de 2,5 à 3 millions de dollars, un épisode de The Big Bang Theory 2 millions de dollars, un épisode de Downton Abbey 1 million de livres. Mais le record absolu est détenu par Game of Thrones : un épisode coûte entre 6 et 8 millions de dollars. 

Vers un nouvel écosytème
Pour David Bank, l’arrivée des nouveaux acteurs de la SVOD sur le marché des droits, n’aura pas d’incidence importante pour les studios car un bon nombre des séries acquises par Netflix et Amazon sortent des principaux studios. Cependant, il convient de se poser des questions sur la manière dont seront gérés les droits captés par les plateformes de SVOD à terme. En effet, une fois les droits achetés par Netflix ou Amazon, pour une diffusion mondiale que va-t-il se passer  sur les autres catégories de droits ?  Car au vu des sommes engagées, on peut supposer que les plateformes de SVOD vont avoir un niveau d’exigence extrême sur les droits. 

Quid des exploitations en TV (payante ou gratuite) en dehors des Etats-Unis, quid des droits DVD ? Combien de temps ces séries resteront-elles accessibles sur ces plateformes ? Quels holdbacks les plateformes SVOD imposeront-elles aux autres exploitations ? Pour l’instant et compte tenu du peu de recul dont dispose le marché, tous les droits ont été exploités, en particulier à l’international : House of Cards a été diffusé par Canal +, le DVD et le Blu-ray sont disponibles en France, édités par le studio (Sony). Orange is The New Black, une série originale exclusive de Netflix est sortie en DVD/Blu-ray aux Etats-Unis et est même disponible en EST via Ultraviolet. Mais quid de sa sortie en France ? 
Dans le même ordre d’idée, Hemlock Grove, série originale de Netflix et produite par Gaumont est disponible en DVD aux Etats-Unis, mais pas en France pour le moment. D’après nos informations, Gaumont Video sortira le dvd des 3 saisons mais à une date ultérieure, compte tenu des accords passés avec Netflix.

Le Blu-ray de Orange is the New Black avec sa version UltraViolet - D.R.

Pour tous ceux qui rêvent de voir la SVOD comme un accélérateur de la circulation des séries, ce n’est pas forcément gagné. Finalement, si vous n’êtes pas abonné à tel ou tel service de SVOD, vous n’aurez pas accès à une offre légale de la série que vous aimez en dehors de la plateforme, ce qui revient à ce que nous avons toujours connu : pour voir Game of Thrones, il faut un abonnement à OCS, pour voirHouse of Cards en première fenêtre, un abonnement à Canal Plus. Et maintenant pour voir Orange is the New Black, le point de passage est Netfix auquel il faut s’abonner. Pire encore, les séries exclusives à Amazon ne sont pas disponibles en France !

Une manne pour les studios, une opportunité pour de nouveaux acteurs.
Et pendant que la France continue à produire des rapports en tous genres sur la crise de la production audiovisuelle, le marché continue de s’organiser pour répondre à cette nouvelle demande. Gaumont International et Federation Entertainment sont pour l’instant les deux premiers producteurs français à avoir signé avec Netflix. Sans doute le début d’une longue série car le marché de la production de séries dédiées à la SVOD n’en est qu’à ses prémices. CanalPlay a aussi investi dans des séries avec son label Digital Revelation (H+, The Village green et Bait), preuve que les lignes commencent à bouger. Une magnifique occasion pour des producteurs français de se lancer dans l’aventure de la SVOD internationale en misant sur leur créativité et leur talent. En attendant le prochain rapport qui nous expliquera que le meilleur moyen d’assurer la survie du secteur n’est plus de privilégier une intégration verticale de la production sous la houlette des chaînes TV ni de repenser le modèle de soutien financier à la création, mais plutôt de partir à la conquête de la planète SVOD, en négociant les meilleurs accords possibles avec les nouveaux tycoons. Business is business.

Source : http://www.zdnet.fr/actualites/la-svod-la-nouvelle-manne-des-studios-hollywoodiens-39808453.htm